mercredi 27 janvier 2010

Oedipe, quelques notes d'intention

Se replonger dans la tragédie antique, c’est s’exposer à un récit d’une cruauté inouïe, où l’acteur brûle les planches comme un supplicié sur son bûcher et où le théâtre recouvre son essence primitive, celle d’être l’art de la chair et de sa mutilation. Le sacrifice humain n’y est pas vu comme une irréductible folie, mais plutôt comme un mal nécessaire à la purification de la collectivité.
Automutilation, auto-dénonciation, auto-exclusion, l’histoire d’Oedipe parle de ce sacrifice, de l’inévitabilité de son destin, qui est de passer de roi à paria, de messie à martyr, de clairvoyant à aveuglé. Le salut passe ici par l’écroulement total des valeurs sociales. Œdipe roi est, parce que roi, la victime toute désignée pour le sacrifice humain.

  1. Le matériau primaire de la scénographie est l’eau, ainsi que ses déclinaisons biologiques: le sang, les larmes, le foutre.
  2. La dramaturgie s’articulera autour du constat des corps de ceux qui seront convoqués sur scène.
  3. L’incertitude est ici érigée en vertu.
  4. Le résultat de l’activité ludique se doit par essence de rester incertain, car un déroulement connu d’avance ruine immanquablement le plaisir du jeu, et le jeu lui-même.
  5. Jouer, donc, mais selon des règles, des temps, et des lieux réservés, fixer ces contingences, voilà le rôle qui incombe à la scénographie. En ça, Oedipe Roi se rapproche plus des arts plastiques que des us et coutumes théâtraux. Il s'agit de rompre une fois encore avec les canons classiques en y introduisant des « real time performances » - sortes d'installations vivantes qui se développeront au grè de la logique modale fixée par l'environnement scénique.